- Ca fait depuis longtemps que j’ai pas ri avec quelqu’un. Marmonna-t-il, prenant un air désolé.

Blondie le regardait alors d’un air étonné. Pourquoi s’excuser ? Il a le droit de rire, d’être content. Mais bon, il avait peu être peur du jugement de la blonde. S’il savait. Elle se remit à sourire doucement et lui répondit simplement :

- Pas de soucis !

Elle était même plutôt contente qu’il rit avec elle. L’huitre avait fini par s’ouvrir, même si ce n’est qu’un peu, c’est toujours mieux que rien !
Soudain elle entendit du bruit venant de l’entrée de la forêt. Ah non ! Ce n’est pas que Blondie est une asocial, mais là elle n’a pas envie d’être avec du monde. Du bruit. Elle n’arrive pas bien à expliquer mais là c’est non. Yama se souvint alors que les feuilles de Lysander sont entassées dans son sac. Ça, chez le jeune homme, ça se traduit par un « J’ai pas envie ». Ben du coup, elle non plus. Elle avait bien envie de jouer à Devines à qui je pense. Et puis si Lysander aimait bien, alors on n’allait pas le frustré le bonhomme.
Sauf que là ça devenait insoutenable, les étudiants qui allaient et venaient, eux aussi avaient le droit à un moment ici, à l’air pur, mais là, ça en devenait dérangeant pour elle. Les bavardages se faisaient incessants. Plus personnes ne s’entendait si bien que les voix montaient de plus en plus. C’est bien simple on aurait dit un collège de 600 élèves dans une cours faite pour une classe. Le bruit devenait vraiment trop pour elle, ça lui faisait mal à la tête. D’ailleurs elle prit cette dernière entre ses mains. Elle se remit en position normale le temps de demander sereinement et calmement mais audiblement à Lysander.

- Est-ce que tu veux que l’on aille dans un endroit plus calme pour jouer à devines qui je suis ou tu préfères rester là Lysou ?

Car oui. Maintenant elle l’appelait Lysou. Blondie quoi.

La timidité, le peu de confiance en soi et le manque d’affirmation de sa personne finiront par le tuer un jour. Il fallait oser un peu des fois, savoir montrer qu’on est là. Se détendre en compagnie de quelqu’un quoi ! Il haussa les épaules, hochant la tête. Il était plutôt du genre à faire passer ce qu’il pensait ou ressentait par le physique, étant donné que parler s’avérait être difficile, voire même une calamité lorsqu’il s’agissait de faire des efforts. Il n’était pas tellement loin de douter de ses facultés mentales quelquefois… Mais après tout, on ne serait pas grand-chose sans nos petits défauts et manies déplaisantes. Lysander se retourna, inspectant les alentours du regard. Il y avait de la population par ici maintenant. Il préférait tout à l’heure, quand ils n’étaient plus que deux. Les foules humaines, ce n’était pas son truc. Même s’il n’y avait pas tout l’établissement ici.
Manifestant que quelque chose le dérangeait par un léger raclement de gorge, il se leva et épousseta ses vêtements. Avoir une tête pas réveillée du tout, ça passait, des cheveux en un amas brun passait aussi. Mais avoir une tâche sur ce qu’il portait le dérangeait fortement. Soigneux de ses affaires, sauf quand il s’agissait d’études littéraires, Lysander y accordait énormément de soin. Il ne supportait pas de voir qu’on abîme ce qu’on possède. Bien qu’il soit d’origine plutôt bien aisée, il ne connaissait que trop bien la valeur des choses.
Il avait repris son sac, qui pendait le long de son épaule. Il remarqua que Yama avait eu une réaction… Des plus étranges ? Elle ne semblait pas supporter le bruit environnant. Peut-être avait-elle une ouïe plus développée que la moyenne. Ce ne serait pas impossible, de nombreuses personnes étaient dans ce cas. Ça pouvait se révéler bien utile pour écouter aux portes, mais moins quand il s’agit de vivre dans un brouhaha permanent. Lysander prit presque pitié de la jeune fille en y pensant. Son visage se tourna en une mine préoccupée le temps d’une seconde, avant de s’incliner en peu vers Yama pour entendre ce qu’elle disait. Elle avait peut-être une ouïe développée, mais ce n’était pas tellement le cas du jeune homme apparemment. Si ça ne tenait qu’à lui, ils auraient bien vite déguerpi d’ici. Avec ou sans la compagnie de l’autre. Mais d’un autre côté, avoir un compagnon de jeu l’attirait tout de même à rester avec la blonde.
Il ouvrit de grands yeux en entendant la fille le nommer de telle sorte, dévoilant ses prunelles argentées. C’était un surnom ça. Et les surnoms, c’est comme ça qu’on reconnaît les amis. Souvent, c’est un code qu’ils se donnent entre eux. Ça les fait rire la plupart du temps. Il demeura contrarié quelques secondes, se pointant lui-même de son index, arquant un sourcil. Lui, il n’avait jamais eu de surnom. C’avait toujours été son prénom et basta. Oh, il ne s’en était jamais plaint non plus, et il ne s’imaginait pas non plus être appelé autrement. Mais il devait s’avouer qu’il avait été surpris sur ce coup là. Il resta néanmoins silencieux, ne bronchant pas.

- Si tu veux qu’on puisse s’entendre, je crois qu’il faut partir de, de là.

A ces mots, il prit l’initiative de partir tout seul devant. Il était plutôt habitué à suivre le mouvement, ça le changeait. Il ne savait pas tellement où il allait, mais se contentait d’avancer. Yama le suivrait sûrement. Elle n’avait pas l’air de vouloir lâcher le garçon. De toute façon, les cours n’allaient pas tarder à reprendre. Il ne savait pas l’âge de sa nouvelle rencontre, et par conséquent en quelle année elle se trouvait. Plongé dans ses pensées, il ne capta pas qu’il tournait en rond autour de l’entrée depuis quelques minutes. Il s’écrasa sa main contre son front, marmonnant quelques mots incompréhensibles à son égard.

- Si tu veux qu’on puisse s’entendre, je crois qu’il faut partir de, de là.

Et il était parti, enfin, il tournait plutôt en rond qu’autre chose mais bon, elle ne lui fit pas remarquer, elle avait beaucoup de mal à le suivre déjà avec les autres étudiants qui la bousculaient. Blondie était une sorte de poisson remontant le courant. Entre l’huitre et le poisson ...
puis Lysander s’arrêta une main vient brutalement s’écraser sur le front du jeune homme, faisant un grand bruit de claque, puis il marmonna quelque chose. Yama ne voulait même pas savoir se qu’il disait, elle avait une chance de pouvoir le suivre sans de paumer, alors autant le faire !
Elle ne réfléchit pas vraiment à se qu’elle fit sur le coup, bon déjà qu’elle réfléchissait peu, mais là c’était encore plus impulsif que d’habitude, en plus ses oreilles en prenaient un sacré coup, lorsque le bruit est trop fort et dérangeant, sont tympan se contracte (si c’est possible) et ça devient insoutenable dans sa tête.

Yama se précipita alors vers le jeune homme, elle savait qu’il n’aimerait pas, elle s’excuserait après, il est si complexe aussi.

- Excuse moi mais là, cas de force majeur !Avait t-elle soufflé audiblement à l’oreille du brun.
Vu que la dernière fois il n’avait rien entendu. Il était peu être un peu sourd, il avait beaucoup de chance. Là au moins, elle était sûre qu’il l’entende.

Elle prit la main du jeune homme et la serra, histoire de ne pas le perdre en chemin, ça serait bête, et elle commença à l’entraîner vers un autre endroit, calme. Elle avait le choix entre le cœur de la forêt, où apparemment personne n’allait vu que les étudiants préféraient rester près du pensionnat, avec juste de l’herbe et des arbres. Ou la plage. Mais la plage devait y avoir du monde... Mais pour jouer à devines qui je suis il vaut mieux aller dans la forêt non ? Oui mais non ! La plage c’est plus sympa ! Comme ça on pourra donner des indices en dessinant dans le sable ! Aller c’est parti pour la plage ! Elle en traina Lysander loin de se bain de foule, mais elle veillait à na pas lui arracher le bras.